Texts

Michel Eisenlohr est un photographe romantique au sens entier de l’idée de romance. Ses photos émouvantes portent un regard courageux, tendre et attentif au patrimoine merveilleux du palais Longchamp. (…) Michel Eisenlohr est un grand photographe de combat. Il n’est pas de son temps. C’est un soldat de Rome perdu en Gaule à l’époque de la globalisation du marketing et de la pornogrpahie consumériste. D’une certaine manière son œuvre est un rappel à l’ordre. Celui entre autre des fondamentaux oubliés où l’artiste oblige à la beauté. En revoyant ses photos, j’ai pensé à Curzio Malaparte comme à Pier Paolo Pasolini quand les récits accrochent le cœur.

Rudy RICCIOTTI, architecte, grand prix national d’architecture, préface de Palais Longchamp, monumental et secret, 2012, Éditions Images du sud.

 

Eisenlohr est un artiste en quête de sens, fuyant la photographie esthétisante contemporaine, y préférant des références plus classiques et narratives. Tout comme chez ses modèles Depardon à Cartier-Bresson, son univers est riche de poésie, d’histoires, de détails bouleversants. Alors que nos fils d’actualité sur les réseaux se remplissent d’images aussi parfaites que dépourvues de toute intention, Eisenlohr fait le choix de renouer avec une photographie de l’aventure, de l’humain, une photographie de rue aussi spontanée que marquante. C’est sans doute cette simplicité loin des sensationnalisme qui fait de cette série hommage à la Syrie, un moment de contemplation. (…) Un sens d’apaisement se dégage lorsque l’on ferme ce livre. Une expiation s’est accomplie, une catharsis qui aura permis au spectateur de mettre des mots sur des sentiments confus et enfouis face à la cruauté de la guerre. Un livre nécessaire, touchant et simple, témoignage d’un passé pas si lointain vu par un photographe qui sait regarder le monde avec une poésie et une justesse hors pair.

Costanza SPINA, magazine Lense, 2017.

 

C’est un livre qui fait immédiatement un bien fou, parce que son regard est terriblement paisible et de pur accueil. Comme si Daech et la fureur iconoclaste n’avaient jamais existé. Palmyre, Alep, Damas, Images de Syrie, de Michel Eisenlohr est le fruit d’un voyage en Orient entrepris par le photographe en 2002, alors invité à présenter son travail au Festival international de photographie d’Alep, fondé par Issa Touma en 1997. (…) La diffusion du travail de Michel Eisenlohr participe donc d’une reconstruction de la mémoire, une preuve de l’indestructible de la beauté face à ce qui la nie. Palmyre, Alep, Damas, n’est donc pas qu’une suite photographique, c’est une gigantesque entreprise de civilisation, dont la qualité des intervenants ayant pris part au livre témoigne. (…) On regarde alors une nouvelle fois les images de Michel Eisenlohr, le geste lent d’un homme balayant un bassin sans eau d’un caravansérail, des religieuses en voiles blancs descendant les escaliers de la citadelle d’Alep, les norias gigantesques de la ville de Hama, des inscriptions arabes sur le célèbre Krak  des chevaliers. Tout est là, intact. Ame sentinelle, murmurons l’aveu, de la nuit si nulle et du jour en feu.

Blog de Fabien RIBÉRY, article « La Syrie, arche d’avenir, par Michel Eisenlohr, photographe », 2017

 

Ombres et caravansérails parmi les ruines archéologiques. « Syrie en noir et blanc » de Michel Eisenlohr est un voyage photographique dans l’intimité d’un beau pays détruit par la guerre. Les ruines archéologiques émergent, dans toute leur magnificence, du sable argenté. De grandes diagonales ouvrent des horizons sur des vallées qui semblent appartenir à l’au-delà, si ce n’étaient les silhouettes de deux enfants debout sur un mur pour révéler l’erreur. Mosquées, caravansérails et souks sont peuplés d’ombres et de silhouettes plongées dans la lumière diaphane des gestes quotidiens, capturés dans le coffret du Hasselblad 500 de Michel Eisenlohr. Le journal poétique syrien du photographe né en 1974 à La Ciotat, sur la côte sud de la France, sera ouvert jusqu’au 24 janvier 2021 au centre de la Vieille Charité à Marseille. La Syrie en noir et blanc, sous la direction de Muriel Garsson-Piacenza, est un voyage dans l’intimité d’un pays que le regard discret mais viscéral d’Eisenlohr a capturé une décennie avant le déclenchement de la révolution, qui a dégénéré en une guerre civile dévastatrice qui a jusqu’ici près de quatre cent mille victimes et onze millions de réfugiés. Trente-sept images en noir et blanc magnifiquement imprimées parsèment le nouveau département des civilisations antiques du Musée d’Archéologie Méditerranéenne (MAM), qui offre un écrin élégant et efficace basé sur l’évolution des techniques dans des sociétés florissantes, de l’aube de l’histoire à l’époque romaine, dans le bassin méditerranéen ou aux confins du Tigre et de l’Euphrate.
Les photographies d’Eisenlohr sont présentées le long des murs du musée tandis qu’à l’intérieur des vitrines – dans un dialogue propice à l’émerveillement avec des chefs-d’œuvre de la sculpture, de la joaillerie, de l’art verrier et de la céramique – les mêmes images sont décomposées et recomposées dans les passionnantes installations vidéo créées par le réalisateur. et l’artiste visuel Samuel Bester. La musique en boucle continue composée à l’occasion de l’exposition par Jean-Marc Montera, guitariste virtuose de l’expérimentation sonore, vient enrichir un projet d’exposition conçu avec sensibilité
. (…)

Valentina PORCHEDDU, magazine Alias, 17 octobre 2020

 

Le French May propose de vous faire découvrir Paris, ville lumière, a travers le travail de l’artiste Michel Eisenlohr. Quel plus bel endroit que l’Avenue des Stars, à Tsim Sha Tsui, pour accueillir cette série de photos de 16 séquences illustrant à merveille l’histoire de la capitale française. Une musicalité se dégage des clichés de l’artiste jonglant avec les ombres et les lumières éclairant la ville, mais aussi les volumes et laissant percevoir un mystère que chacun pourra interpréter à sa guise. Pour Michel Eisenlohr ce travail a été une véritable course contre le temps afin d’obtenir le cliché souhaité, capturé entre l’aube et la tombée de la nuit. En quelques secondes, le photographe donne vie à ses œuvres. Une exposition poétique qui ne peut que ravir les amoureux de Paris.

Catya MARTIN, magazine Trait d’Union, 2015

 

Michel Eisenlohr a photographié l’architecture, les villes et une semaine de la mode à Santorin. Il a fait le tour du monde, il lit puis écrit avec son appareil photo. Est-il un artiste ? Attire-t-il notre attention sur des choses que nous ne voyons pas, documentant les villes, les gens, les paysages et leur altérité ? Peut-être est-il un observateur de tout ce qui est silencieux, un voyageur dans le temps ou un voyageur dans des villes aux multiples visages alternatifs. En tout cas, il s’intéresse à l’inconnu.

Nasrine SERADJI, architecte, préface de HK Urban enclaves, 2018, Éditions Moses, 

 

Le projet au départ est une rencontre fortuite. Michel Eisenlohr expose ses photographies à Hong Kong au printemps 2015 dans le cadre de la manifestation du French May. L’intérêt du photographe pour la ville est immédiat, un véritable « choc visuel » selon ses mots. Il ne dément pas une empathie émotionnelle, invasive, impulsive et parfois déstructurée pour cette ville qu’il découvre. La gymnastique de l’œil photographique, entraîné, agile, ne peut s’empêcher de porter un regard chargé d’émotion sur la ville en même temps qu’elle s’offre à lui, notamment à travers la vitre du taxi : impression flottante, regard syncopé…. Ce travail fait écho à d’autres expériences urbaines et photographiques dans les villes de Marseille, Porto, l’île de Santorin, Reykjavik. La visualisation des photos, au retour du premier voyage sur les quatre, est complétée par des rencontres avec des universitaires, géographes et architectes. Aux premiers marqueurs visuels que portent les photos, se superposent le registre du discours et des connaissances disciplinaires sur la géographie et l’histoire de Hong-Kong. Le photographe corrige les effets de surplomb par le retour incessant à son objet. Un second cadrage prend effet lorsque le fil conducteur de l’enclave urbaine est trouvé. Elle permet au photographe de dresser un premier modus operandi qui va servir non pas de guide pour l’action (qui reste libre et ouverte) mais de guide pour l’attention (par quoi et comment se révèle cette figure de l’enclave ?). Pour le photographe, le terrain se caractérise avant tout par la marche dans la ville. Pour appréhender ses grandes largeurs, le taxi et le bus servent de relais pour aller de lieu en lieu. Mais la marche répond à la fois à un élément programmatique dressé en amont visant des lieux précis et à la fois une possibilité d’ouverture sur le reste. Entre les lieux sélectionnés, l’espace prend du temps. En marchant nous rappelle le philosophe Frédéric Gros, « rien ne se déplace vraiment : c’est plutôt que la présence s’installe lentement dans le corps. En marchant, ce n’est pas tant qu’on se rapproche, c’est que ces choses là-bas insistent toujours davantage dans notre corps. » Découvrant au fur et à mesure la ville, Michel Eisenlohr va se fier à son intuition. L’intuition du photographe c’est aussi son expérience, sa connaissance des villes d’une manière générale, cette manière personnelle de les aborder à travers un motif (pattern) et de « poser son cadre ». La photo est une attention portée à une partie d’un champ qui le déborde. Au fond, ne faut-il pas voir dans le travail de Michel Eisenlohr une incitation à la désobéissance civile selon les termes de Rawls ? C’est-à-dire une manifestation de civisme au sens fort, œuvrant pour l’intérêt général visant à éveiller les consciences sur la condition de l’homo urbanus et à susciter un débat. Ne proposent-ils là pas une formidable occasion de détourner son attention de l’objet perçu pour l’objet pensé ? Et faire de ce moment de partage singulier d’une relation sensible à une ville, celle de Hong Kong, un moment moins exceptionnel et plus universel qui questionne sourdement notre relation au monde ? Il semble que, chacun à leur manière, les photographes nous y invitent.

Miguel MAZZERI, architecte, extrait du texte « La marche du photographe, Michel Eisenlohr un photographe à HK », dans HK Urban enclaves, 2018, Éditions Moses, 

 

Trois Villes et Pays d’art et d’histoire (VPAH) ont voulu avec la direction régionale des affaires culturelles (DRAC, ministère de la Culture) donner sur ces territoires une carte blanche, plutôt militaire, à un auteur-photographe, Michel Eisenlohr, grand marcheur, familier du patrimoine monumental, qui en toutes saisons partit en Roya et Bévéra (2015-2016), en Ubaye (2017-2018), en Briançonnais (2019-2020). Il ne s’agissait pas de contribuer à un inventaire patrimonial, mais de donner à voir différemment, à ressentir, avec sa technique aguerrie et sa perception des grands paysages et des infimes détails, ces fragments d’architecture de défense, aux confins des monts et des frontières.

Robert JOURDAN, conservateur régional des Monuments historiques (DRAC PACA), texte extrait de l’ouvrage  Forts des confins, 2020, Éditions Arnaud Bizalion.

 

Michel Eisenlohr est un photographe enchanteur qui non seulement n’enlève pas le côté mystérieux des choses mais bien au contraire en réenchante l’esthétique en toute situation. C’est sans doute un photographe romantique, lyrique, ses photos sont émouvantes et d’une grande beauté, même si je crois qu’il se défend d’en rechercher les effets. Il suffit de contempler et de se laisser bercer. Je sais que Michel Eisenlohr a parcouru de nombreux pays, des terres de paix, des terres de guerre, des villes et des campagnes, des pays de légende et il me semble que cette accumulation d’expérience se lit là dans ces photos. Pas d’esbrouffe, pas de manière, pas de sensationnel, juste un accueil, une juste présence. 

Bernadette SAUDEMONT, 8e vice-présidente, en charge de la culture, Conseil départemental des Hautes Alpes.

 

En Islande, Michel Eisenlohr a ressenti des présences, la force très concrète des légendes, un appel de l’autre monde. L’auteur de Forts des confins (2020) aime les seuils, les frontières, les points ultimes à partir desquels tout bascule. Son nouveau livre, Huldufolk, « le peuple invisible »¸ publié chez Arnaud Bizalion Editeur est une approche sans tonitruance, à partir d’une observation calme des paysages, urbains ou naturels, du merveilleux quotidien. Il y a en effet du mystère en Islande, des roches troublantes séparant des maisons, des signes étranges, les traces d’un univers parallèle. Pour l’approcher, il faut réouvrir nos sept sens ésotériques, quitter les vanités de la raison raisonneuse, ou être un voyageur doublé d’un enfant aux yeux écarquillés. Il y a là-bas des formes, une organisation des surfaces, des pierres révérés comme des temples. On regarde mais on est regardé, par les lutins ou les trolls. Michel Eisenlohr ne cherche pas le spectaculaire, le contraste entre l’espace cadré et les mots qui en explicitent l’intérêt étant souvent saisissant. Les elfes sont simples, voyez-vous, une modeste cavité peut leur suffire. Photographe des lisières des Alpes, Michel Eisenlohr est désormais aussi le messager bienveillant du peuple des confins nordiques.

Blog de Fabien RIBÉRY, article « Islande, l’ordinaire des roches tremblantes, par Michel Eisenlohr, photographe », 2021

 

Les êtres surnaturels, comme les morts ou les huldufólk, sont des catégories de l’expérience phénoménologique. « Croire aux morts », « croire aux fantômes » ou « croire aux huldufólk », sont des phrases qui n’ont guère de sens ; généralement, d’ailleurs, on ne dit pas qu’on croit aux morts mais on en fait plutôt tous l’expérience, surtout quand ceux-ci sont des proches devenus trop absents (morts), ou trop présents (fantômes). On ne croit donc pas aux morts, on les expérimente. Il en va de même avec les huldufólk auxquels les Islandais ne croient pas, mais dont ils font l’expérience.
Or, que disent ces expériences ? Voilà sans doute ce qu’il faut comprendre, ce vers où il faut chercher. L’œil photographique de Michel Eisenlohr nous met sans aucun doute sur la piste. Il nous indique une direction vers où regarder. Car ses photographies sont des miroirs qui pointent vers là où regardent les Islandais et donc, inévitablement, vers là où ils se savent être vus. Car, en effet, ne l’oublions pas, ce sont les huldufólk qui regardent ! Invisibles mais regardant les humains. Ce sont eux qui voient ! Et quand les Islandais montrent à Michel Eisenlohr un rocher ou un tumulus dans lequel se trouvent des familles de huldufólk, ils pointent un lieu d’où eux-mêmes et nous-mêmes, en tant qu’humains, sommes regardés.
En observant les photographies de Michel Eisenlohr, songez donc à cette altérité qui vous dévisage tandis que vous croyez regarder. Est vu qui pensait voir ; les huldufólk sont ce renversement du point de vue. Et avec lui se produit un dédoublement de soi-même, une expérience de notre propre ubiquité intérieure. Faire l’expérience des huldufólk, ce serait donc faire l’expérience commune de nous-même, celle de notre présence au monde, où nous sommes à la fois sujets et objets de notre propre regard, quand nous saisissons comment nous sommes faits de ce qui nous voit. Curieux alliés, ces huldufólk, qui montrent ainsi le visible.

Christophe PONS, CNRS-IDEMEC, Aix-Marseille-Université, préface « Être vu ? » de l’ouvrage Huldufolk, le peuple sacré, 2021

 

Dans la série « Huldufólk » de Michel Eisenlohr, la présence des roches de lave dans ces contextes urbanisés et “modernes” peut être pensée comme un retour du refoulé. La croyance archaïque et la pensée magique revendiqueraient, via ces formes minérales et brutes, leur volonté de ne pas tomber dans l’oubli. Une des photographies de la série est à cet égard particulièrement caractéristique. Elle a été prise, comme nous l’apprend un discret panneau de signalisation, dans la rue Smiojustigur. Dans cette image, tout évoque le décor de film, à commencer par l’extrême propreté du sol, le caractère presque irréel du ciel, et la couleur bleue immaculée des façades. Le jeu des formes géométriques, les couleurs, et plus encore la lumière et les ombres portées évoquent également la peinture d’Edward Hooper. Cependant, des forces obscures semblent s’agiter sous ces apparences banales et normées. On pense aussi à la première séquence de Blue velvet de David Lynch, dans laquelle le cinéaste révèle les puissances telluriques et inquiétantes qui couvent sous un univers pavillonnaire et – en apparence – aseptisé. D’une façon similaire, dans le coin gauche de la photographie de Michel Eisenlohr, le bloc de roche de lave apparaît comme une incongruité, comme une tumeur galopante venant troubler, ici encore, le sage ordonnancement géométrique. Cette matière semble être en trop. On a même le sentiment que, si elle le décidait, elle pourrait se déployer et emporter sur son passage les constructions humaines. (…) Le spectateur assiste ici au combat titanesque entre les forces magiques et les anciennes croyances d’une part et, de l’autre, le souci d’organiser et de rationnaliser l’espace. Mais ce combat est immobilisé par la photographie ; et d’aucun pourraient voir dans cette immobilité le symbole non d’un conflit, mais au contraire d’une profonde harmonie et d’un sens de la conciliation entre la “tradition” et la “modernité”.

Marc ROSMINI, philosophe, écrivain, 2018

 

Huldufólk are literally the stuff that fairytales are made of. Yet to Icelanders they are more than just an intrinsic part of their folklore. From boulders and waterfalls to lakes, roads, lava fields, or basalt cliffs – seemingly everything in nature is said to be imbued with the mysterious powers of these “hidden people”. Michel Eisenlohr , one of the most renowned contemporary photographers in France, explored the phenomenon and found magic indeed – in the way Icelanders integrate these natural elements, along with the legends surrounding them, in their everyday life. The surprising cohabitation of a modern Icelandic society and its rapidly developing urbanism alongside the tradition and age-old beliefs seems easy to laugh off at first glance. But Michel Eisenlohr, famous for his ability to sensitively capture light and the traces of time, illustrates this dual reality by taking up the challenge to photograph the invisible… Inspired by tales and legends, guided by the research of ethnologists, geographers and archaeologists, he offers us an immersion in these natural or urban places and gives us a visual account of this intangible heritage. The best way to truly savour the essence of Eisenlohr’s Huldufólk work is by abandoning rational beliefs at the door and just allow yourself to be guided by your senses. Soon, an ethereal otherness, a pathway back to childhood and those blissful days when life was so much easier, will reveal itself. You will start to hear the elves’ voices, see their fleeting apparitions in the shadow of rocks and crevices, and feel their presence. That is when you know you have reconnected with nature, and with your inner wide-eyed child that was so easily in sync with the invisible. 

Natja IGNEY, journaliste, 2023